Je voulais parler de notre fin de semaine typiquement nous. Tsé quand tu sors prendre une marche pis tu reviens juste le lendemain soir, sur le pouce, avec des Italiens, en Roumanie!
Faque j'étais attriquée en leggings et en souliers de jogging et on attendait le tramway juste à côté des résidences de l'uni, pour aller dans le parc. Pis là les nuages gris s'installaient.
Dude: "Ouain fait pas ben beau...ça t'tente d'aller visiter le château que j'te parlais, qui est à trois heures de route"? Moi: "Mmmmmmmouaip"! C'est parti mon kiki.
Marche rapide jusqu'à l'arrêt d'autobus, c'est sûr qu'on n'a pas pensé pour deux cennes à retourner chercher des provisions à l'appart... advienne que pourra, m'a passer la journée en leggings.
Trois heures de bus, de musique, de bretzels et de cassette d'espagnol plus tard, on arrive en une pièce à Hunedoara. Petite ville désertique où y'avait pas un chat, malheureusement comme dans plusieurs petites villes roumaines. On se promène un peu pour se familiariser avec la place (et les pâtisseries de la place). La seule grande route mène au château qui est quand même bien caché...
Le plus gros WOW de l'existence, bouche ouverte, yeux du coeur grands ouverts. On est dans l'époque médiévale, ici devant nous se tient un des plus gros châteaux d'Europe, Le château de Corvin!
De nos jours, il suffit de télécharger l'application sur ton cellulaire, entrer le code pré-payé pour le château de ton choix et faire ta propre petite visite guidée à ton propre rythme et c'est génial! Et c'est super de se promener à deux, bras dessus bras dessous un écouteur chacun, pas de querelles et c'est parti pour notre visite touristique audio-électronique 2015!
Ce qui nous frappe dans le niveau impresario, c'est l'ampleur du château, la magie de s'y retrouver, de divaguer quelques instants dans la salle principale et de s'imaginer soudainement tout le monde circuler en grandes tenues de l'époque et de participer au conseil des prises de grandes décisions. Je pense qu'il y avait en moi un petit gars qui rêvait d'être chevalier, en même temps la p'tite fille qui aurait volontiers porter une robe de princesse trop grosse et couru jouer à la tague dans le château.
Tels nous flottions sur notre nuage juste à côté de la plus haute tour ronde, jusqu'à ce qu'on check l'horaire des bus de retour à Cluj. Le dernier était v'là deux heures. Pétage de bulle. Le plaisir d'être easy-going dans la vie et surtout en voyageant et plus que surtout à deux, c'est de; 1- réaliser la situation irréversible 2- se regarder, lever un sourcil et dire: 3- bon ben on a juste à passer la nuit ici et partir demain matin tôt pour faire un treck dans l'autre ville là-bas! Pas de problèmes, des brosses à dents ils en vendent à l'épicerie aussi.
Dormir chez les gypsies, c'est de s'installer dans une ambiance de ville touristique morte, occuper une chambre dans un hôtel vide et avoir très froid l'automne. Aussi on a eu le plaisir d'écouter la fin d'un film américain des années 2000 doublé en roumain! Même sans brownies, c'était délectable.
Ça aura été un lever tôt pour être sûrs, absolument sûrs de ne pas manquer le bus cette fois-ci (et sortir de la maison hantée), qui nous mène à la deuxième étape de notre fin-de-semaine-pas-de-bobettes-de-rechange. ''Cheile turzii'' est le nom de la montagne parcourue, ce qui me rappelle de spécifier que tous les noms et mots roumains de me rentrent pas dans tête. Un mélange espagnol-portugais-franco-latin difficile à jongler!
Le treck a fait du bien, deux grippés armés industriellement d'eau et de kleenex, nous sommes montés au sommet en pensant que ça allait nous purifier les narines à l'air frais. La beauté et la simplicité de la campagne roumaine nous a coupé le souffle, enchanté l'esprit et débrouillé le cerveau. Par moments, on croisait Santiago (tsé le berger dans l'Alchimiste!) avec son grand bâton et ses nombreux moutons, diriger son troupeau sans tracas. Pour un mini-instant, je me mets à sa place et il n'y a plus de pollution auditive, pas de Facebook, pas de micro-ondes, pas de stress. Juste des pas, le son de ses pas et celui de ses p'tites bêtes en laines.
Après avoir dévallé la pente en descendant, s'être désaltéré avec un café semi-froid au lait douteux de la p'tite cabane unique à junk-food, c'était le temps d'essayer nos aptitudes sur le pouce. Comme on est venu dans ce trou perdu en taxi, les chances sont minces qu'on en voit un passer bientôt... On a donc utiliser la technique du pouce levé sur le bord de la route!
Deux autos plus tard, les Italiens nous ont ramassés et par une chance incroyable, se dirigeaient dans la même ville que nous à 30 minutes de route. Le plaisir est de se débrouiller par langage des signes, de sons et d'expressions et de voir la force du langage du monde; à quel point on se comprend!
Malgré le fait qu'on ne parlait pas la même langue, on était entre bonnes mains pour retourner à bon port, où la douche va être bonne en TA!